Chroniques d'un Grand Vendeur Voyageur
Share
Je fréquente souvent le Centre Commercial du Sacré-Cœur, que ce soit pour faire du lèche-vitrine avec mes filles, qui trouvent toujours un moyen de me convaincre de leur acheter quelque chose, ou pour prendre un verre, notamment avec Sylvain lors de cette interview. J'ai rencontré Sylvain au magasin Jina alors que je cherchais activement la paire de chaussures parfaite pour aller avec toutes mes tenues. Son accueil chaleureux et dynamique m'a immédiatement séduite, et c'est tout naturellement que je lui ai proposé cette interview. J'ai le don de repérer l'excellence chez les autres, et aux Éditions Soma School, nous sommes les témoins privilégiés de nombreux talents.
Je suis repartie tout sourire avec ma paire de chaussures noires. Dès la première fois que je les ai portées, j'ai reçu tous les compliments possibles. Et en prime, je suis repartie avec le numéro de téléphone de Sylvain. Cette interview est bien plus qu'une simple discussion : c'était un moment de coaching extraordinaire dans le monde fascinant du commerce et de la vente. Je suis heureuse de partager avec vous l'incroyable histoire de Sylvain Thenevet à travers ma plume.
Bonne lecture !
Racha Mousdikoudine
Nous pouvons apprendre de tout le monde à tout âge et en tout temps - Sylvain Thenevet
Qui es-tu ? Quelle est ton histoire ?
Je m’appelle Sylvain. J’ai 38 ans. Je vis sur l’île de la Réunion et je travaille au Port en tant que responsable de magasin chez Jina. Avant cela, j’étais responsable multisite pour un groupe italien, où j'avais 20 salariés sous ma responsabilité dans le sud de la France.
Je suis venu en vacances à la Réunion pour quelques jours et je ne suis jamais reparti car j’ai trouvé un petit job auprès de commerçants de robes indiennes en 2021. J'ai donc travaillé pendant six mois pour une famille de Mauriciens qui vivent sur l’île et qui ont plusieurs stands dans divers centres commerciaux, de l’Éperon à Saint-Joseph. J’ai également vendu des robes bohèmes pour Chic Métisses sur l’île, en emploi saisonnier pendant les fêtes de fin d’année. Ensuite, j'ai ressenti le besoin de relever de nouveaux défis. Grâce à un chasseur de têtes via LinkedIn, j’occupe actuellement un poste de responsable de magasin chez Jina.
Tu nous as expliqué que la vente, tu l’as dans le sang. Peux-tu nous en dire plus ?
Je suis issu d’une famille de commerçants dans le domaine de l’optique. Depuis mes 8 ans, je traîne dans les magasins, je fais des paquets cadeaux, je répare des lunettes en remettant une vis ou une branche. J’ai appris tous les aspects du métier dans les boutiques familiales et, avec mes études, j’ai enrichi cela avec des techniques de vente qui m’ont permis de me développer et d’être plus efficace.
Qu’as-tu appris à travers tes voyages ?
J’ai vécu au Brésil pendant six mois, je suis allé en Italie et au Portugal. Il y a beaucoup de Russes sur la Côte d’Azur et tous les profils. Par exemple, avec les Russes, il ne faut pas être tactile ou trop familier, car le sourire est parfois perçu comme un signe de stupidité. Voyager m’a permis de m’adapter à différentes cultures. Il y a des choses à faire et à ne pas faire avec les clients selon leur typologie et leur nationalité. Un Russe sera plus proche d’un Chinois dans son comportement et sa discrétion. Il faut s’adapter aux cadres de référence de chacun (valeurs, culture, éducation) et prendre en considération ces éléments dans les échanges avec chaque personne.
Quel est ton parcours scolaire ?
J’ai obtenu un bac économique et social en France métropolitaine, puis un BTS en communication des entreprises, suivi d'une licence en marketing en Australie. Je parle donc très bien anglais. J’ai également travaillé en Australie grâce à un visa "Working Holiday" tout en poursuivant mes études. Après mon master 1, je me suis lancé dans la vie active. Tout au long de mon parcours scolaire, j’ai toujours eu un pied dans le monde de l’entreprise.
Savais-tu dès le départ que c’est dans le commerce que tu voulais évoluer ?
Non, pas du tout. À la base, je voulais évoluer dans la communication. Mais à l’époque, la technologie ressemblait au Moyen Âge. J’aimais beaucoup la publicité, mais mes expériences professionnelles se sont surtout orientées vers le commerce. J’ai passé 15 ans dans le groupe Diesel et j’ai gravi les échelons jusqu’à occuper le poste de responsable régional en France métropolitaine. J’ai travaillé au sein de ce groupe à Lyon, Cannes, Monaco et Grenoble. Je ne crains pas de sortir de ma zone de confort car j’aime apprendre et découvrir.
Quelles sont les compétences transversales qui t’ont aidé dans ta carrière ?
Aimer rencontrer l’autre, la curiosité, la bienveillance, la spontanéité, la passion. Cependant, mon moteur principal est la curiosité. Voir comment les choses se passent, que ce soit au niveau des comportements pour mieux servir mon équipe, nos clients et mon employeur.
Quelles sont les difficultés que tu as rencontrées au cours de ta carrière ?
La gestion de l’humain avec ses qualités et ses défauts, et le fait de lâcher prise. Cela dépend de la culture de chacun. C’est un travail ardu de faire en sorte que les gens nous suivent et de toucher leurs valeurs personnelles. J’aime accompagner les gens, les aider à se développer, à mieux apprendre, et à s’épanouir intellectuellement pour être meilleurs. Malheureusement, en tant que manager, je ne peux pas faire le travail à la place de mon équipe.
Quel genre de manager es-tu ?
Je suis quelqu’un d’enjoué et de positif, un peu une pile électrique qui n’arrête pas. Je suis bienveillant et je donne toutes les clés à mon équipe pour que nous réussissions. Je suis également ouvert aux critiques et aux idées des autres pour m’améliorer et améliorer les résultats du magasin, car je considère que nous pouvons apprendre les uns des autres à tout âge et en tout temps.
Quels conseils donnerais-tu à un jeune qui débute dans ce métier ?
Aimer rendre beau, aimer faire rire, aimer être au service des gens. L’expérience de vente peut être enrichissante pour le vendeur autant que pour le client, car c’est aussi l’occasion de créer un lien. Tout dépend de la typologie du client. Certains veulent changer de look et découvrir leurs besoins pendant l’acte de vente. Quel est l’état d’esprit du client ? Veut-il quelque chose de simple ? Veut-il prendre le temps de s’habiller le matin ?
Tout est nourri par mes expériences de voyage, qui m’ont permis de mieux comprendre la diversité des profils des clients. Par exemple, certains clients détestent le plastique et préfèrent se diriger vers les rayons cuir. Le MBTI répertorie 16 personnalités différentes. Il existe plusieurs types de clients : ceux qui sont dans l’achat responsable, ceux qui achètent pour le plaisir hédoniste (achat compulsif), les architectes, etc. Il faut savoir s’adapter et écouter l’autre, se mettre en valeur et accepter tout ce qui vient de l’autre. Nous avons tous nos propres blessures et difficultés, mais le client mérite la meilleure expérience possible. Par respect pour lui, nous lui devons un accueil exceptionnel.
C’est important de faire le test MBTI pour se connaître soi-même et aussi pour le faire passer aux membres de son équipe, car cela peut aider dans la façon de manager et de révéler le meilleur de chacun. En tant que manager, il faut comprendre l’autre, comment il pense et fonctionne, pour l’aider à exceller. C’est émotionnellement prenant, mais les résultats sont gratifiants.
Tous les clients, peu importe leur milieu socio-économique, méritent le même accueil chaleureux, que ce soit Miss France ou une mère de famille en recherche d’emploi qui élève seule ses enfants.
Quel message aimerais-tu faire passer à nos lecteurs ?
Peu importe ce que tu fais, fais-le avec passion. Si tu n’y arrives pas, c’est que tu dois passer à autre chose.