Les Outre-mer ont besoin d'infirmiers, de médecins et de réalisateurs
Share
J’ai rencontré Nafatal-Dylan il y a bientôt 4 ans sur LinkedIn, plus précisément le 2 novembre 2020. Dès notre premier échange téléphonique, sa vision, sa détermination et surtout sa passion pour le cinéma m’ont subjuguée. À l’époque, il était à la recherche de financements pour se lancer dans le cinéma à Mayotte. C’est tout naturellement que j’ai réalisé son interview vidéo. Depuis, il a réalisé la série FBI Mayotte et le film Koungou.
Nafatal-Dylan a besoin que toute la communauté mahoraise, nationale et internationale le soutienne dans son combat d’exporter le cinéma mahorais à travers le monde afin d’inspirer les jeunes, notamment ceux issus de quartiers pauvres ou confrontés à des contextes de vie difficiles voire violents. À travers sa caméra, Nafatal-Dylan peut redonner confiance à cette jeunesse en quête de sens et de grands accomplissements. Lorsque Nafatal-Dylan réalisera son grand rêve, plus de jeunes comprendront que la violence n’est pas la réponse appropriée dans la quête de la liberté.
Quant à Mass, je suis reconnaissante qu’il ait répondu à l’appel de notre frère Nafatal-Dylan car ensemble, ils bougeront des montagnes. Ce que j’aime chez Mass, c’est sa capacité extraordinaire d’écouter et de s’inspirer de toutes les histoires réelles pour en produire un film extraordinaire.
Je suis honorée de partager avec vous le travail et le parcours exceptionnels de ces deux réalisateurs.
Bonne lecture !
Racha Mousdikoudine
Écrivaine,
Fondatrice des Éditions Soma School
Qui êtes-vous ? Pouvez-vous partager avec nous votre histoire ?
Naftal-Dylan Soibri : Je m’appelle Naftal-Dylan Soibri, je suis originaire de Mayotte. Passionné par le montage et l’audiovisuel depuis l’école primaire, j’ai décidé d’en faire mon métier seulement une fois arrivé au lycée. Aujourd’hui, je suis réalisateur et producteur, et j’ai créé ma propre société de production audiovisuelle à Mayotte. Je produis des émissions et des films pour Mayotte. Depuis que je me suis associé avec Mass, nous ambitionnons de produire encore plus.
Mass Youssoufa : Je m’appelle Mass Youssoufa, je suis réalisateur depuis un peu plus de 15 ans. J’ai évolué dans le monde du clip, et j’ai eu la chance de travailler avec des grands noms de la scène urbaine comme Soprano, Dadju, Aya Nakamura, Jul, La Fouine, Rohff, etc. mais aussi avec des figures de la scène française comme Benjamin Biolay, Amel Bent, Michel Fugain. En 2016, j’ai fait mes premiers pas dans la fiction avec une mini-série sur le rappeur Lacrim, une première saison à succès qui a abouti à une deuxième saison diffusée par Canal+. En 2019, je me suis installé à Mayotte où j’ai rencontré Naftal. Notre collaboration a été immédiate et nous avons travaillé sur des publicités avant de lancer une fiction. Nous travaillons actuellement sur notre premier long métrage.
En quoi consiste votre travail ? Quelles sont vos principales responsabilités et missions ?
Naftal-Dylan Soibri : Mes principales missions sont de créer des programmes de divertissement pour la télévision, tels que des émissions, des documentaires ou des fictions.
Mass Youssoufa : Nous portons plusieurs casquettes, mais pour faire simple, notre travail consiste à raconter des histoires en images. Notre responsabilité est de réussir à intégrer cette histoire dans un temps et un budget définis.
Quelle a été votre stratégie pour développer votre carrière et atteindre votre position actuelle ?
Naftal-Dylan Soibri : Faire connaître notre travail à travers les réseaux sociaux avec des démonstrations et des pilotes de séries comme FBI Mayotte, dans l’espoir d’attirer l’attention de potentiels producteurs ou diffuseurs.
Mass Youssoufa : Aucune stratégie spécifique. Passion, effort et sacrifice. Avec cette combinaison, tout le monde peut réussir.
Votre film Koungou a connu un véritable succès. Vous attendiez-vous à un tel succès ?
Naftal-Dylan Soibri : Je ne m’attendais pas du tout à un tel succès. J’ai été agréablement surpris de voir tous ces retours positifs et cet engouement autour du film.
Mass Youssoufa : Pas du tout, c’est extraordinaire car nous n’attendions rien de ce film. Bien sûr, une fois terminé, nous en étions fiers, mais jamais nous n’aurions pensé qu’il toucherait autant de monde.
Qu'aimez-vous le plus dans votre métier ?
Naftal-Dylan Soibri : Avoir la capacité de procurer des émotions et de faire rêver les spectateurs.
Mass Youssoufa : Procurer des émotions.
Quelles ont été les principales difficultés que vous avez rencontrées au cours de votre carrière et comment les avez-vous surmontées ?
Naftal-Dylan Soibri : Le manque d’intérêt pour le cinéma et le divertissement à Mayotte ainsi que le manque de structures pour aider la production locale ont été des obstacles majeurs pour ma carrière et mes ambitions de développer le cinéma mahorais. Nous n’avons rien lâché et nous n’avons pas baissé les bras. Nous avons dû nous sacrifier pour prouver, avec Koungou et les courts métrages précédents, que Mayotte possède les talents et les compétences nécessaires pour produire ses propres films.
Mass Youssoufa : Pour ma part, j'ai été confronté au racisme. Le milieu professionnel au sommet est très difficile à naviguer en tant que personne noire. Je n'ai pas le cœur assez solide ou assez corrompu pour y rester. J'ai donc préféré m'en éloigner.
Vous arrive-t-il de douter de vos choix de scénarios, de mises en plan ou de thèmes abordés ? Comment gérez-vous ces doutes ?
Naftal-Dylan Soibri : Les doutes sont normaux, le plus important selon moi c’est d’y croire avant tout et de se donner à fond jusqu’au bout.
Mass Youssoufa : Les doutes font partie intégrante de ce métier, et ils sont essentiels. Ceux qui ne remettent jamais en question leur travail manquent souvent de profondeur et de qualité.
Avez-vous déjà été déçus par des projets pour lesquels vous envisagiez le succès ? Si oui, comment avez-vous réagi et que faites-vous dans ces situations ?
Naftal-Dylan Soibri : Le projet FBI Mayotte m'a vraiment déçu car il n'a pas répondu à mes attentes de réception par le public.
Mass Youssoufa : Un peu déçu du projet FBI Mayotte, ça m’a beaucoup remis en question. Nouvelle note dans ma tête : rester fidèle à ma vision artistique et à mes convictions, plutôt que d'être guidé par des feedbacks externes qui pourraient compromettre la qualité ou l'intégrité de mon travail.
L'idée de base que vous avez au début de l'élaboration d'un projet est-elle toujours la même à la fin ? Comment évolue-t-elle ?
Naftal-Dylan Soibri : Il y a parfois quelques ajustements, mais généralement cela reste souvent le même.
Mass Youssoufa : Il y a beaucoup de changements en cours de route, mais généralement cela reste le projet posé sur papier.
Vous arrive-t-il d'être dépassés par la charge de travail ? Comment gérez-vous ces moments ?
Naftal-Dylan Soibri : Parfois oui, on fait du mieux qu’on peut.
Mass Youssoufa : C’est la vie, on se tait et on continue.
Comment envisagez-vous votre évolution dans ce domaine ? Quels sont vos projets futurs ?
Naftal-Dylan Soibri : Faire des films de plus en plus ambitieux et viser les plateformes telles que Netflix ou Amazon Prime.
Mass Youssoufa : Nous souhaitons plus de projets, avec autant de liberté, puis continuer à faire des films plus grands.
Quels conseils donneriez-vous à une personne souhaitant se lancer dans ce même domaine d'activité ?
Naftal-Dylan Soibri : Croyez en vous, soyez curieux et soyez passionné par le secteur et le métier.
Mass Youssoufa : Écoutez-vous, tracez votre chemin car chaque rêve est réalisable.
Chaque dimanche matin, vous recevrez par email : un article inspirant sur l’une des soft skills les plus recherchées dans le monde professionnel - des interviews de professionnels engagés auprès de leur communauté - la date de nos prochains événements gratuits afterworks et ateliers d’écriture.