Limbala avec Zily

Dans cette interview exclusive, nous avons le plaisir de rencontrer Zily, une artiste polyvalente, entrepreneuse, et figure de proue pour de nombreuses femmes de Mayotte et d'ailleurs. Connue pour sa voix puissante, sa détermination inébranlable et son amour profond pour sa culture, Zily incarne l'esprit de résilience et de créativité. À travers son parcours, elle a surmonté de nombreux défis, trouvant dans la musique non seulement une forme d’expression personnelle, mais aussi un moyen de défendre la place et les droits des femmes.

Aujourd'hui, Zily partage avec nous son cheminement personnel et professionnel, ses réflexions sur la condition féminine, ainsi que son engagement à créer un art qui résonne avec des valeurs universelles comme l'amour de soi, la passion et le respect. Entre anecdotes touchantes et conseils inspirants, elle nous offre un aperçu intime de son monde, où la musique devient une arme pour surmonter les obstacles et célébrer la force intérieure de chacun.

Racha Mousdikoudine : Bonjour Zily, merci de nous accueillir aujourd'hui. Tu es une femme, une artiste, une mère, une businesswoman et une leader. Alors, qui es-tu vraiment ?

Zily : Je suis Zily, une femme maoraise et malgache. J'ai grandi avec un profond amour pour ma culture et les femmes. Depuis mon plus jeune âge, j'ai été fascinée par la force et la résilience des femmes. En tant qu'artiste et leader, mon objectif a toujours été de mettre en avant cette force. On pense souvent qu'on connaît bien les femmes, mais moi, je crois qu'il y a encore tant à découvrir sur elles. J'aime explorer ce mystère à travers ma musique et mes projets.

Racha Mousdikoudine : Tu as parlé de ton amour pour la musique. Peux-tu nous dire comment la musique est devenue une arme pour toi ?

Zily : Ma voix, c'est mon arme. Quand j'étais petite, j'étais très complexée par mon apparence physique. J'étais plus grande et plus maigre que les autres enfants, et cela me mettait mal à l'aise. Les gens me faisaient souvent des remarques blessantes, mais c'est à ce moment-là que j'ai découvert ma voix. Je me suis dit, "OK, peut-être que je n'aime pas mon corps, mais ma voix, elle, est quelque chose de beau et puissant." C’est là que j’ai décidé de l'utiliser comme une arme.

Racha Mousdikoudine : Tu as aussi parlé des débats religieux dans lesquels tu as participé. Quel rôle ont-ils joué dans ton parcours artistique ?

Zily : J'ai grandi en pratiquant des débats religieux à l'école coranique, et c'est là que j'ai vraiment commencé à utiliser ma voix pour m'exprimer. Un jour, on nous a demandé de participer à un débat diffusé à la télévision. J'étais super excitée, j'avais préparé une chanson et tout, mais au dernier moment, une adulte a voulu me remplacer. J'étais tellement dévastée, j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps. Heureusement, deux femmes de mon entourage ont pris ma défense et ont insisté pour que je chante. Finalement, j'ai pu monter sur scène et chanter ma chanson. Cet épisode m'a appris beaucoup sur la vie et sur la manière dont il faut parfois se battre pour faire entendre sa voix.

Racha Mousdikoudine : Ta mère semble avoir joué un rôle essentiel dans ta vie. Peux-tu nous en dire plus sur elle ?

Zily : Il y a une femme qui a beaucoup compté dans ma vie, c'est ma mère. Je l'appelle la Queen Z. C'est une véritable lionne. Elle a élevé mes sœurs et moi toute seule, après que mon père soit resté à Madagascar. Elle nous a inculqué des valeurs profondes comme le respect, l'intégrité et l'indépendance. J'ai tellement appris d'elle. Elle n'a jamais accepté qu'on se laisse abattre par les difficultés. Elle m'a toujours dit de me battre, de toujours rester droite et juste.

Racha Mousdikoudine : À quel moment as-tu décidé de prendre ta carrière musicale en main et de créer ton propre label ?

Zily : Un jour, j'ai décidé de prendre ma carrière musicale en main. J'ai créé mon propre label. Pourquoi ? Parce que je voulais garder le contrôle de ma musique. Je ne voulais pas que quelqu'un me dise comment chanter ou dans quelle langue le faire. C'est un chemin difficile, mais nécessaire. Quand j'ai commencé, certains m'ont dit que ma musique était "trop traditionnelle" ou que ma communauté était "trop petite" pour réussir. Mais j'ai refusé d'écouter ces critiques. J'ai travaillé dur, j'ai rassemblé une équipe formidable et on a avancé. À chaque étape, j'ai appris que la passion et la persévérance finissent toujours par payer.

Racha Mousdikoudine : Comment parviens-tu à gérer ton équipe tout en restant si proche d'eux ?

Zily : Ce que j'aime le plus dans mon parcours, c'est travailler avec des gens qui partagent ma vision. Mon équipe, je la considère comme ma famille. Je fais tout avec eux. Quand on travaille ensemble sur un projet, tout le monde est impliqué. Je ne veux pas être juste la patronne qui supervise à distance. Je participe à chaque étape, que ce soit l'organisation du tournage, les répétitions ou même la préparation des repas pour l'équipe. Je fais tout avec amour et c'est ce qui rend notre travail si spécial.

Racha Mousdikoudine : Tu as aussi parlé de tes enfants. Comment parviens-tu à équilibrer ta vie professionnelle et ta vie de mère ?

Zily : Je suis aussi une mère, et ça, c'est une autre facette de ma vie que je prends très au sérieux. J'ai toujours dit que mes enfants sont ma priorité. Je les éduque avec les mêmes valeurs que ma mère m'a transmises : l'indépendance, le respect et la responsabilité. Je veux qu'ils soient prêts à affronter la vie. Même quand ils étaient petits, je leur ai appris à être autonomes. Ma fille, par exemple, savait déjà comment laver son biberon à l'âge de trois ans. Aujourd'hui, elle a quinze ans et elle gère ses affaires toute seule. Je suis très fière d'elle.

Racha Mousdikoudine : Quel est le message principal que tu veux transmettre à travers ta musique ?

Zily : Il y a un message que je veux transmettre à travers ma musique, c'est celui de l'amour de soi. Si tu t'aimes, tu pourras aimer les autres. Si tu respectes ce que tu fais, alors les autres te respecteront aussi. Il ne faut jamais abandonner. La vie est pleine de défis, mais avec de la détermination, tout est possible. Je le dis toujours : pendant que certains se plaignent et pleurent, d'autres sont en train de compter des millions. Alors, tu veux quoi ? Pleurer ou avancer ?

Racha Mousdikoudine : Tu as récemment sorti une chanson, "Limbala". Peux-tu nous en parler ?

Zily : Mon parcours musical a pris un autre tournant avec ma chanson "Limbala", qui signifie "debout". C’est un message fort pour les jeunes de Mayotte, pour leur rappeler qu'ils sont les descendants de rois et qu'ils doivent honorer cet héritage. Ils ne peuvent pas salir leur sang royal avec des comportements qui les rabaissent. La chanson est née dans une période difficile où les tensions étaient fortes à Mayotte, mais c'est précisément dans ces moments-là qu'il faut se lever et se battre.

Racha Mousdikoudine : Tes clips sont aussi très marquants. Quelle est ta vision pour les clips que tu réalises ?

Zily : Je veux aussi parler de mes clips. Quand je fais un clip, je ne veux pas simplement offrir une belle image. Pour moi, c'est comme peindre un tableau. Chaque détail compte, chaque scène doit raconter une histoire. Je veux que les gens regardent mes clips et se posent des questions, qu'ils essaient de comprendre les symboles et les messages cachés derrière chaque image. Je veux créer quelque chose qui a du sens, quelque chose qui reste dans les esprits.

Racha Mousdikoudine : Enfin, si tu devais résumer ton parcours et ton état d’esprit, que dirais-tu ?

Zily : Au final, ce que je veux dire à travers tout ça, c'est que la vie est une question de passion, de respect et de détermination. Si tu aimes ce que tu fais, si tu te respectes, alors tu peux aller loin. Je ne me plains jamais, parce que ça ne sert à rien. Pendant que tu te plains, quelqu'un d'autre avance. Alors, arrête de te plaindre et fonce. Trouve ta voie, travaille dur et tu verras, le succès viendra

Retour au blog

Laisser un commentaire

Veuillez noter que les commentaires doivent être approuvés avant d'être publiés.